ÉRIC PHILIPPOZ

Depuis le 1er octobre 2012, Eric Philippoz occupe l’Atelier Tremplin soutenu par la Fondation Bea pour Jeunes artistes.

Il nous livre un texte sur son retour en Valais :

«Lundi passé, à 06h20, j’ai fermé pour la dernière fois la porte de mon appartement, tourné la clef à double tour, porté un après l’autre mon sac-à-dos, mon sac de sport et mes deux valises au bas des escaliers. Après avoir jeté la clef dans la boîte-aux lettres de Kirsty, je me suis harnaché de tous mes sacs et, bringuebalant, je me suis dirigé vers l’arrêt du bus 73.

Tim, Fred, Malou, Deniz, Kirsty, Jane, Bosco, Edmund, Edmond, Eliot, Renee, Cesare, Catarina, Jason.

Arrêt Zuidplein. Je monte dans le métro. Un sac, un deuxième, un troisième, un quatrième. Debout, je retiens du pied la pile de bagages. Premiers rayons de soleil sur le pont Erasmus et l’hôtel New York, avant que la ligne plonge sous la terre. Le jeune homme assis en face de moi est pâle, verdâtre ; sa tête, penchée en avant, ondule avec les mouvements du wagon. Dans un sursaut, il lâche un jet de vomi qui coule le long de son pull beige, de son jean, jusqu’au sol. Il lance un regard sur la gauche, son ami dort, puis observe le liquide qui coule dans l’allée. Il boit une gorgée de Pepsi. Je scrute moi-aussi le cheminement de la flaque sur le sol gris. Elle passe très près de mon pied gauche.

Pendar, Ane, Mercedes, Mariana, Padraig, Vanja, Sander, Ingeborg.

Mon billet de train n’est pas en règle. J’aurais pu m’en douter. L’impitoyable contrôleuse de train m’inflige une amende de 47 euros, la bouche serrée, tandis qu’autour de moi les autres passagers soupirent ou détournent le regard. A Utrecht, je rate l’Intercity Express pour Bâle. Je m’assieds sur le quai, entouré de mes sacs ; je recueille ma tête dans mes mains et la laisse tomber jusqu’à mes genoux.

Julien, Mélanie, Fabien, Romain, Noémie, David, Dada, Laura, Isa, Line, Alex, Maryline, Jean-Marc, Cécile.

Changement à Frankfurt. Changement à Bâle. A Spiez, je saute dans le mauvais train, sors à l’arrêt suivant, laisse mes bagages devant le guichet vide d’une gare au nom imprononçable et marche jusqu’à la route. Retour à Spiez en stop. Magnifique coucher de soleil sur le lac de Thoune. Changement à Viège. 22h25 : j’arrive à Sion. Ma mère m’attend devant la gare, au volant de sa voiture rouge. Je me recouche dans mon lit d’enfant, après six ans d’absence.»

A suivre.

Né en 1985, Eric Philippoz est diplômé (Bachelor) de la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève (HEAD) et a suivi un Master à l’ArtEZ Dutch Art Institute, à Arnhem aux Pays-Bas. Cet été il est revenu en Valais.