Floryan Varennes
Cura te ipsum, «soigne-toi toi-même». C’est partant de cette injonction bienveillante que Floryan Varennes a exploré le domaine du soin lors de sa résidence à la Ferme-Asile. Coutumier des contrastes plastiques et des glissements sémiotiques, il a exploré l’ambiguïté du champ médical en le rapprochant des arts martiaux, questionnant la dimension curative antinomique de la guerre, et la violence intrinsèque des processus de guérison. S’il est bien question de soin dans ses œuvres, c’est surtout de self-care dont il s’agit, renvoyant aussi bien à la nécessité de prendre soin de soi, qu’à la pulsion d’autodestruction contenue en chacun∙e et dont il faut se prémunir. Au «soigne-toi toi-même» se couple ainsi une autre injonction, celle de se protéger de soi-même, si bien que la tension perçue dans les œuvres de Floryan Varennes semble surtout être le spectre d’une violence internalisée, projetée sur des sculptures dont l’absence de représentations du corps appelle notre propre image.
Assemblage de tubes de plastique et d’instruments médicaux métalliques prenant les contours d’une fleur, Iris est un bas-relief flottant, à taille humaine, projetant une ombre menaçante sur les murs: armoirie futuriste, la structure complexe de l’œuvre nous confronte à la matérialité de l’appareillage médical (scalpels, pinces, sondes, …), à la fois outils de soin et armes qui dissèquent et meurtrissent les chairs. Les entrelacs tubulaires qui connectent ces différents éléments jouent encore de l’ambivalence de l’imaginaire hospitalier, renvoyant à l’état de souffrance du corps, comme au réseau de câbles qui le maintien en vie.
Kevin Bideaux
Floryan Varennes, artiste plasticien et doctorant en Art et Sciences de l’art à l"Université Libre de Bruxelles en co-direction avec l"Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, a bénéficié d’une résidence internationale de deux mois à la Ferme-Asile.